La première puissance industrielle du continent est frappée par des coupures d'électricité à répétition. Aujourd'hui, le pays est au bord de l'effondrement en raison de ces délestages de plus en plus fréquents, apparus il y a 17 ans déjà. Le pays souffre d'une crise des infrastructures électriques. Le réseau d'Eskom, la compagnie publique d'électricité, est vieillissant, ce qui génère des pannes de plus en plus fréquentes. En quelques années, la compagnie publique a réduit sa capacité de production de 50 %. La raison ? Une maintenance catastrophique nourrie par la corruption massive et la mauvaise gestion. Eskom est même devenue le symbole de la corruption vertigineuse qui a marqué le mandat de l'ancien président de la République, Jacob Zuma, entre 2009 et 2018. « Eskom est en fait au bord de la faillite mais les gouvernements successifs repoussent toujours sa réforme. On ne compte plus les histoires de corruption, de vols, de sabotages, de grèves du personnel », s'alarme François Bourguignon, Professeur émérite à l'école d'économie de Paris, ancien chef économiste de la Banque mondiale. Les Sud-Africains se sont habitués à cette pénurie, elle fait partie de leur quotidien. Mais depuis 2023, les coupures de courant se sont accélérées, c'est devenu littéralement invivable? À Johannesburg, la situation est tellement critique que l'électricité peut être coupée entre 10 et 12 heures par jour. Il faut bien comprendre qu'une coupure d'électricité, ce n'est pas juste un plat qui arrive froid au restaurant. Les conséquences sont immenses sur toute la chaîne économique : elles vont d'une incapacité des trains ou avions à circuler normalement, en passant par des entreprises qui tournent au ralenti plusieurs heures par jour, jusqu'au gaspillage alimentaire dans un pays dont la pauvreté ne cesse de croître et qui est désormais montré du doigt. Les chiffres sont effrayants : les seules coupures de courant ont coûté 3,2 points de croissance au pays en 2022. La banque centrale d'Afrique du Sud a même chiffré que les coupures de courant, quand elles durent environ 6 heures par jour, coûteraient en moyenne 20 millions d'euros par jour à l'État.